En quête de vérité
Le huitième mort de Tibhirine
Tatamis, Paris, 2007. Lazhari Labter & Le Soir d’Algérie, Alger, 2007
Hymne en faveur de la liberté d’expression, le témoignage de Rina Sherman est nécessaire, indispensable, vital. D’abord forte puis en proie à des doutes, obstinée puis découragée - qui ne le serait pas -, rêveuse mais ancrée dans une réalité affreuse, Rina Sherman reste toujours malgré tout animée d’une même volonté de faire toute la lumière sur l’affaire « Didier Contant ». Et là réside tout l’intérêt d’un tel récit : persévérer dans ce que l’on pense être juste, se battre pour une réalité que l’on pense possible. Démultipliée au sens d’une héroïne de fiction, Rina Sherman apparaît comme incomprise, maltraitée, invisible, dévoilant pourtant une réalité facilement observable, pour peu qu’on prenne le temps de s’y attarder et de la regarder en face. « Facilement observable » ne signifie pas ici qu’il faille légitimer cette réalité, ni même la comprendre, ou encore moins l’accepter. Mais il est tout autre d’entrevoir ne serait-ce que son existence. Avoir prise sur la réalité médiatique, en particulier celle véhiculée par la presse écrite, telle devient la mission de Rina Sherman au fur et à mesure de son enquête. Comprenez, la réalité médiatique dominante, celle que l’on propose traditionnellement en la glorifiant d’être la vraie, ou du moins la plus plausible. Deux phénomènes médiatiques, traduisant chacun une vision de la réalité, ne peuvent cohabiter sur une même affaire. L’un doit nécessairement l’emporter sur l’autre, l’écraser, le réduire au silence, quoi qu’en soit le prix. À l’éthique et la déontologie journalistiques de jouer pleinement leurs rôles dans cette opposition, disons même : ce combat. Bref, ce témoignage bouleversant d’une femme en quête de vérité devrait inciter chacun d’entre nous à réfléchir et s’investir dans une lutte dont l’objectif serait de mettre en lumière les entraves, pourtant quotidiennes, à ce qui constitue encore aujourd’hui, malgré sa faiblesse toute relative, l’arme la plus puissante dont dispose tout citoyen : la liberté d’expression. Gageons donc, dans un premier temps, que cet ouvrage ne constitue qu’une étape d’un processus qui permettrait à terme de déboucher sur une autre réalité, celle de son auteur, visible cette fois aux yeux de tous, le temps au moins d’être prise en compte. En attendant, comme le disait Jean Rouch, « faisons comme si ce que l’on raconte est vrai. En faisant comme si, on est je crois beaucoup plus proche de la réalité »
David JOSSEROND
Le 13 mars 2007
David JOSSEROND
Le 13 mars 2007
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